Cours de propriété intellectuelle ( introduction et droit d’auteur) pour les entrepreneurs – HEC Paris
Ateliers “Les clés juridiques pour créer votre start-up”
Cette vidéo de Maître Bondard, avocat, introduit les autres à venir. Entrepreneur, vous apprendrez ainsi quelques clés primordiales pour la création de votre start-up, la rédaction de vos contrats, la protection de votre propriété intellectuelle (essentiellement votre marque), l’utilisation des données personnelles, votre éventuel développement à l’international, mais également les clés de la négociation, qui s’appliquent aussi bien avec vos investisseurs, partenaires, ou clients, que vos associés.
Sujets de l’atelier :
I- Créer sa société: statuts, pactes, formalités d’enregistrement.
II- Protéger ses créations: confidentialité, droit d’auteur, marques, brevets, creative commons, open source.
III- Rédiger ses contrats: CGVs CGU, mentions légales…contrats en interne (stagiaires, salariés) et en externe (prestataires, fournisseurs, clients)
IV- Protéger et déclarer ses données personnelles
V- Contrefaçon et concurrence déloyale
VI-Les clés pour bien négocier
Programme réalisé par:
Céline Bondard
Avocat à la Cour et au Barreau de New York
Site Internet: www.bondard.fr
Introduction aux ateliers de Creative Valley par le cabinet de Céline Bondard.
Cette vidéo de Maître Bondard, avocat, introduit les autres à venir. Entrepreneur, vous apprendrez ainsi quelques clés primordiales pour la création de votre start-up, la rédaction de vos contrats, la protection de votre propriété intellectuelle (essentiellement votre marque), l’utilisation des données personnelles, votre éventuel développement à l’international, mais également les clés de la négociation, qui s’appliquent aussi bien avec vos investisseurs, partenaires, ou clients, que vos associés.
Les ateliers seront :
– Créer sa société: statuts, pactes, formalités d’enregistrement
– Protéger ses créations: confidentialité, droit d’auteur, marques, brevets, creative commons, open source
– Rédiger ses contrats: CGVs CGU, mentions légales…contrats en interne (stagiaires, salariés) et en externe (prestataires, fournisseurs, clients)
– Protéger et déclarer ses données personnelles
– Contrefaçon et concurrence déloyale
– Les clés pour bien négocier
Pour toute demande d’informations complémentaires: cb@bondard.fr
Vous êtes peut-être amenés à collecter des données vous permettant de contacter vos clients et prospects (adresses mails, téléphone, etc), ou d’informations relatives aux services que vous proposez (photos d’un appartement si service de location par exemple).
Ne vous imaginez pas que cette utilisation est libre de droit. Vous avez des obligations vis-à-vis de la CNIL, en particulier de formalités déclaratives et vis à-vis des propriétaires de ces données.
Pour être soumis à ces obligations, avant tout, encore faut-il que vous traitiez des données dites « à caractère personnel » au sens de la loi n° 78-17 du 6 janvier 1978 relative à l’informatique, aux fichiers et aux libertés.
Ainsi, « constitue une donnée à caractère personnel toute information relative à une personne physique identifiée ou qui peut être identifiée, directement ou indirectement, par référence à un numéro d’identification ou à un ou plusieurs éléments qui lui sont propres. ».
Les nom, prénom, adresse, numéro de téléphone, données médicales, etc, d’une personne constituent donc des données personnelles protégées par la loi.
Ces données « personnelles » doivent alors être déclarées à la Commission Nationale Informatique et Libertés (CNIL) pour certaines, et une autorisation d’exploitation doit être demandée pour les plus sensibles.
Nous répondons ici à plusieurs questions : (I) exploitez-vous des données personnelles ? ; (II) quelles sont les démarches à effectuer auprès de la CNIL ? ; (iii) quelles sont vos obligations vis à vis du propriétaire des données ? ; (iv) pouvez-vous transférer des données personnelles en dehors de l’Union Européenne et le cas échéant, comment ?
I. Je déclare que ma société exploite des données personnelles…je crois !
Vous pouvez vous trouver face à la difficulté de savoir si les informations que vous traitez sont bel et bien des données personnelles et donc si elles sont soumises à déclaration ou demande d’autorisation auprès de la CNIL.
Si ces données ne peuvent être reliées à une personne physique, ni directement ni indirectement, alors le risque que ces données non publiques soient qualifiées de données personnelles est mineur.
Par exemple la Cour d’appel de Paris, dans deux arrêts des 27 avril et 15 mai 2007, considère que l’adresse IP n’est pas une donnée personnelle car elle ne se rapporte qu’à une machine et non à l’individu qui utilise l’ordinateur, tandis que la CNIL considère pour sa part que l’adresse IP de connexion est bien une donnée à caractère personnel : c’est dire toute la complexité du sujet et la nécessité de le traiter avec précaution.
II. Je déclare ma collecte de données personnelles auprès de la CNIL…ou est-ce une demande d’autorisation ?
Si vous collectez des données à caractère personnel, vous devez les déclarer à la CNIL, via un formulaire énumérant le type des données traitées et le temps de conservation souhaité, et ce avant la création du fichier.
Dans le cas où cette déclaration n’est pas effectuée, la peine encourue est de 5 ans d’emprisonnement et jusque 300 000 € d’amende.
Il y a plusieurs types de démarches à effectuer auprès de la CNIL en fonction de la nature des données personnelles traitées :
- déclaration simplifiée pour les fichiers courants ne portant pas atteinte à la vie privée ou aux libertés individuelles (https://www.formulaires.modernisation.gouv.fr/gf/cerfa_13810.do);
- déclaration dite normale pour les fichiers concernant la vie privée ou les libertés individuelles (par exemple, géolocalisation de véhicule, suivi du temps de travail) (https://www.formulaires.modernisation.gouv.fr/gf/cerfa_13809.do);
- enfin, demande d’autorisation pour les données sensibles (à caractère médical, racial, religieux ou politique, relative à la vie sexuelle numéro de sécurité sociale, etc), il faut effectuer une demande d’autorisation auprès de la CNIL.
III. Je remplis mes obligations vis à vis des propriétaires des données…mais lesquelles ?
Une fois l’autorisation obtenue par la CNIL de traiter des données déclarées, le responsable de traitement doit veiller à respecter les sept principes posés par la loi de 1978 :
- Principe de finalité : ne pas détourner l’usage premier des données personnelles.
- Principe de proportionnalité : ne traiter que d’informations nécessaires à l’activité du responsable de traitement, même lorsque ces données sont traitées en interne uniquement.
- Principe de la pertinence des données : les données doivent être adéquates, pertinentes et non excessives eu égard à l’activité du responsable de traitement. Par exemple, il ne faut pas tracer les actions des utilisateurs, comme leurs heures de connexion, sauf à ce que ce ces données soient anonymisées.
- Le quatrième principe impose d’indiquer une durée limitée de conservation des données, ce qui comprend notamment le droit à l’oubli.
- Le cinquième principe impose de veiller à la sécurité et confidentialité des données collectées (et donc des systèmes d’information).
- Principe de la transparence, qui impose d’informer les personnes concernées de l’identité du responsable du fichier, de la finalité du traitement des données, du caractère obligatoire ou facultatif des réponses, et de la transmission des données.
- Enfin, principe du respect du droit des personnes, imposant au responsable de traitement de recueillir l’accord des clients et de les informer de leur droit d’accès, de rectification et de suppression des informations collectées.
IV. Je transfère mes données en dehors de l’Union Européenne…ou pas ?
Lorsque des données personnelles sont transférées depuis l’Union Européenne vers des pays hors Union Européenne, certaines précautions légales doivent impérativement être prises.
Ce transfert est dans certaines circonstances interdit sous peine d’une sanction pénale de 5 ans d’emprisonnement et 300 000€ d’amende.
Néanmoins, il existe des exceptions à cette interdiction de transfert de données hors UE : consultez les articles 68 et 69 de la Loi du 6 janvier 1978 pour le détail de ces exceptions.
En pratique, certains transferts sont autorisés du fait d’un accord de la Commission européenne et/ou grâce à l’existence de règles internes à l’entreprise permettant d’assurer une protection adéquate au transfert des données.
D’autres autorisations existent au regard du propriétaire des données (transfert nécessaire à la sauvegarde d’une vie ou plus généralement dans l’intérêt de la personne concernée).
Pour un transfert vers les États-Unis, il faut que l’entreprise destinataire ait adhéré au Safe Harbor (à vérifier sur le site internet du Département du Commerce américain (https://safeharbor.export.gov/list.aspx).
Les formalités de déclaration auprès de la CNIL restent applicables, il faudra alors ajouter les conditions particulières d’un transfert des données en dehors de l’Union Européenne.
N’hésitez pas à venir nous rencontrer pour en parler. Vous trouverez un savoir-faire au service de l’esprit d’entreprendre.
Comment et pourquoi inclure ou non une clause de non-concurrence dans vos contrats ?
De la libre concurrence à la concurrence déloyale, au parasitisme, la frontière semble parfois ténue. Comment éviter qu’un ancien employé ou stagiaire ne devienne une source de concurrence déloyale ? Quelles limitations peuvent être imposées aux salariés ? Le Cabinet Bondard vous livre les principales clés pour rédiger une clause de non-concurrence valide.
I. La libre concurrence vs. la concurrence déloyale
En France, le principe de libre concurrence prévaut. Tout salarié sortant peut créer une entreprise similaire à celle dans laquelle il s’est formé. Toutefois, l’insertion de clauses dites « de non-concurrence » permet d’encadrer les relations entre employeurs et salariés afin d’éviter que cette liberté d’entreprendre ne devienne celle de prendre des libertés avec les entreprises concurrentes.
Ainsi, vos anciens salariés n’ont pas le droit de vous faire de la concurrence déloyale ou de commettre des actes de parasitisme. La concurrence déloyale consiste à créer une entreprise qui va se rendre coupable de procédés concurrentiels contraires à la loi ou aux usages, comme celui consistant à imiter vos signes distinctifs afin de créer une confusion dans l’esprit du public. Le parasitisme consiste à s’immiscer dans le sillage d’une entreprise afin de profiter de ses efforts et de son savoir-faire sans rien dépenser (ces procédés sont sanctionnés par les articles 1382 et 1383 du Code civil).
II. La protection contractuelle
En cas de contentieux, le juste équilibre des droits entre ceux des salariés et ceux de l’entreprise demeure néanmoins soumis à l’appréciation des tribunaux.
Afin d’encadrer la rédaction des clauses de non-concurrence, les tribunaux ont, au fil des décisions, instauré certains principes fondamentaux venant encadrer la rédaction et donc la validité même de ces clauses de non-concurrence.
Tout d’abord, afin de ne pas empêcher un salarié partant d’une entreprise de retrouver une activité professionnelle, ces dernières doivent être justifiées par la nature de la tâche à accomplir par le salarié et être proportionnées au but recherché. Par exemple, si vous avez une entreprise de nettoyage et que vous imposez une clause de non-concurrence à votre comptable salarié, vous aurez du mal à expliquer pourquoi il ne devrait pas retrouver un emploi dans une autre entreprise de nettoyage. Mieux vaut, en revanche, en imposer une au commercial de votre entreprise qui aura accès à vos informations sensibles, à votre savoir-faire et aux informations concernant votre clientèle.
Ces clauses doivent également être limitées dans le temps et dans l’espace (territoire) et tenir compte des spécificités de l’emploi du salarié.
Enfin, les clauses de non-concurrence doivent comporter une contrepartie financière non dérisoire. Cette dernière devrait être versée à l’issue du contrat et non pendant ou après la période de non-concurrence.
Par ailleurs, vous devez vérifier si la Convention collective applicable à vos salariés comprend des dispositions relatives à la clause de non-concurrence que vous souhaitez intégrer. Si tel est le cas, vous devrez vous assurer que votre clause respecte les termes de la Convention applicable.
III. Exemple d’une clause de non-concurrence à adapter selon vos besoins
Nous vous proposons ci-dessous un exemple de clause de non-concurrence. Cette clause est à adapter selon vos besoins et ne constitue pas une consultation juridique. Nous vous invitons également à prendre connaissance de la Convention collective applicable à vos salariés et de vérifier si celle-ci vous impose certaines règles concernant les engagements de non-concurrence.
Article (…) – Clause de non-concurrence
« Compte tenu de la nature des fonctions exercées par Monsieur (ou Madame) <Nom, prénom> au sein de la Société _________________, Monsieur (ou Madame) <Nom, prénom> s’engage en cas de cessation du présent contrat de travail, quelle qu’en soit la cause et à quelque époque que ce soit, même en cas de rupture au cours de la période d’essai, à ne pas exercer directement ou indirectement de fonctions similaires ou concurrentes de celles exercées au sein de la Société _______________.
Monsieur (ou Madame) <Nom, prénom> s’engage donc à ne pas travailler en qualité de salarié(e) ou de prestataire indépendant pour une entreprise concurrente et à ne pas créer, directement ou indirectement, par personne interposée, d’entreprise ayant des activités concurrentes ou similaires à celles de la Société ___________, c’est-à-dire (DECRIRE ACTIVITE).
Cet engagement est limité au territoire de ______________________et à une durée de un an, commençant le jour de la cessation effective du contrat.
En contrepartie de l’engagement pris par Monsieur (ou Madame) <Nom, prénom>, la Société ___________ s’engage à lui verser une indemnité compensatrice de non-concurrence égale à 50 % de son dernier salaire brut.
La Société ____________pourra libérer Monsieur (ou Madame) <Nom, prénom> de son engagement de non-concurrence à tout moment au cours du contrat ou à l’occasion de sa cessation, par voie d’avenant au présent contrat. »
Pour approfondir, nous vous invitons à prendre également connaissance de la Fiche du Cabinet Bondard sur le thème : « Comment faire la différence entre clause de confidentialité et clause de non-concurrence dans un contrat de travail ».
N’hésitez pas à venir nous rencontrer pour en parler. Vous trouverez un savoir-faire au service de l’esprit d’entreprendre.
Le cabinet Bondard pratique le droit de la propriété intellectuelle et le droit des affaires. Il accompagne les entreprises et entrepreneurs en conseil comme en contentieux.
Il est impossible de protéger une idée (cf notre Fiche Pratique intitulée « Comment parler d’un projet sans tout dévoiler »). Dès lors, en tant qu’auteur d’une invention, la première étape pour vous est de la matérialiser afin de pouvoir envisager de la protéger. Vous irez alors voir votre conseil avec des documents démontrant la matérialisation de votre projet – voir même un prototype, une version beta…
Une fois votre invention matérialisée, l’heure est venue de vous demander si elle peut faire l’objet d’une protection par le biais d’un dépôt de brevet : est-elle brevetable et le cas échéant, quelle est la procédure à suivre pour vous assurer une protection maximale ?
Attention, même si vous avez dépensé beaucoup de temps et parfois d’argent pour matérialiser de votre invention, elle ne survivra peut-être pas à la dure loi de la concurrence. Le risque d’opposition de tiers lors du dépôt du brevet, voire de poursuites en contrefaçon est réel. Non, cela n’arrive pas qu’aux autres !
I. Mon invention est-elle brevetable ?
Vous avez eu une idée géniale et celle-ci se matérialise sous vos yeux. En qualité d’auteur, vous en êtes donc le propriétaire. Pour autant, tout ne donne pas lieu à protection par le droit des brevets.
Pour être brevetable, une création doit d’abord être une « invention ». Il ne s’agit pas d’une «découverte ». Elle ne découle pas de la nature, mais implique une plus-value de l’homme, une intervention de ce dernier.
En quelques mots, un brevet est une solution technique à un problème technique. Les conditions qui rendent votre solution technique brevetable sont cumulatives:
- Votre invention doit relever d’une activité véritablement inventive, ne pas découler d’une manière évidente de la technique connue pour un homme du métieri ;
- Elle doit pouvoir faire l’objet d’une application industrielle ;
- Elle doit être nouvelle et pour aller plus loin, ne pas avoir été rendue accessible au public même pour lui faire « tester » ou découvrir votre invention.
Démontrer son invention, c’est perdre sa brevetabilité
Pour être brevetable, votre invention doit être nouvelle. Ce qui veut dire qu’au delà de ne pas avoir été déjà inventée, vous-même ne devez pas divulguer votre invention avant de l’avoir déposée.
Méfiez-vous donc des expositions et autres prix où l’on peut vous demander de dévoiler votre «sauce secrète ». Mieux vaut parler en termes généraux et éviter de divulguer l’ensemble des informations permettant de reconstituer l’invention. Mieux vaut également éviter de mettre à disposition de tiers des versions test. Vous pourriez vous voir refuser un brevet parce que vous avez divulgué votre propre invention, annulant son caractère de nouveauté !
II. Mon invention existe-t-elle déjà ?
Pour vérifier que votre invention est nouvelle, il faut préalablement effectuer des « recherches d’antériorité » avant de faire une demande de brevet, que ce soit en France et/ou à l’international. En d’autres termes, vous allez vérifier si votre invention, permettant de solutionner tel problème technique, a déjà été développée et brevetée par quelqu’un d’autre sur le même territoire.
La similarité entre inventions ne se joue pas uniquement sur le titre de l’invention. Il faut, à partir de mots-clés, vérifier par exemple qu’aucune invention ne permet de résoudre le même problème technique en utilisant le même procédé. Cela implique d’avoir certaines connaissances et un vocabulaire techniques dans le domaine.
Ces recherches d’antériorité devraient être réalisées par des professionnels, avocats ou conseils.
Avant de déposer votre invention : vérifiez que votre invention est brevetable
– Il convient de vérifier qu’il s’agit :
- d’une invention non contraire à l’ordre public et aux bonnes mœurs.
- d’une invention résultant d’une activité inventive et d’une application industrielle.
- d’une invention nouvelle. Pour cela, effectuer une recherche d’antériorité, que ce soit en France et/ou à l’international.
– Faire faire des recherches d’antériorité par des professionnels.
Attention : Se rendre sur le site de l’INPI et constater qu’aucune invention portant le même titre n’a fait l’objet d’un dépôt ne suffit pas.
III. Comment puis-je déposer mon brevet ?
Il faut compléter et remplir la liste des documents demandés par l’Institut National de la Propriété Industrielle (INPI). Les documents principaux et les plus complexes à établir sont :
- la « description détaillée » de l’invention (qui ne peut pas être modifiée après le dépôt);
- les « revendications », qui consistent à établir auprès de l’examinateur de l’INPI l’étendue de la protection que vous recherchez ;
- un « abrégé », qui est un résumé de votre invention.
Pour optimiser votre protection, il est recommandé de faire appel à un avocat.
Vous venez de développer un logiciel et souhaitez une protection maximale de celui-ci. Si vous êtes le développeur de ce logiciel, vous en êtes l’auteur et le propriétaire. Mais vous l’avez peut-être fait développer par un tiers développeur et dans ce cas, il faut au préalable vous être assuré d’en avoir la propriété pleine et entière.
Dans le meilleur des cas, vous avez pu obtenir une protection de votre logiciel par le biais d’un dépôt de brevet (voir notre fiche pratique intitulée « Comment protéger son invention par un brevet».
Pour autant, vous vous inquiétez de ce qui peut se passer lors de la commercialisation de votre produit : est-ce que vos clients, vos partenaires, ne vont pas tenter de décomposer, analyser votre produit pour pouvoir l’exploiter eux-mêmes tout en se passant de vos services ? Il s’agit de pratiques « d’ingénierie inversées » et ces pratiques sont encadrées par la loi. Voici un bref résumé de vos droits et nos conseils associés.
I. Qu’est-ce que « l’ingénierie inversée »?
Les pratiques « d’ingénierie inversée » sont aussi appelées « rétroingénierie », « rétroconception » et en anglais « reverse engineering ».
Ces pratiques permettent dans certaines conditions à l’utilisateur de votre logiciel d’analyser, légalement et sans votre autorisation, le programme de votre logiciel de sorte qu’il puisse comprendre son fonctionnement et l’utiliser correctement. L’utilisateur pourra ainsi reproduire le code du logiciel ou traduire la forme de ce code, dès lors qu’il répond aux conditions posées par la loi (article L.122-6-1 IV du Code de la propriété intellectuelle). Le risque est que cet utilisateur puisse créer une copie, voire développer une version améliorée de votre logiciel sans que vous puissiez vous réclamer d’une quelconque atteinte à vos droits.
Il y a donc des pratiques d’ingénierie inversée qui sont autorisées (pour comprendre et correctement utiliser un logiciel) et des pratiques qui sont interdites (pour copier voire améliorer votre logiciel, souvent à des fins commerciales).
Vous comprenez donc d’emblée l’enjeu de bien appréhender la réglementation applicable : votre objectif est d’encadrer cette pratique de façon à éviter que les utilisateurs de votre logiciel ne se saisissent de cette autorisation légale de pratiquer l’ingénierie inversée à des fins préjudiciables à votre entreprise.
II. Les pratiques d’ingénierie inversée sont-elles légales ?
Les pratiques d’ingénierie inversées ne sont pas prohibées par la loi française, mais sont strictement encadrées par l’article L.122-6-1 IV du Code de la propriété intellectuelle.
En effet, l’article L.122-6-1 IV du Code de la propriété intellectuelle autorise les pratiques de « reproduction du code du logiciel ou la traduction de la forme de ce code » sans le consentement de l’auteur lorsque cette reproduction ou cette traduction est « indispensable pour obtenir les informations nécessaires à l’interopérabilité du logiciel »
La rétroingéniere est donc légale sous trois conditions principales :
- l’utilisateur doit avoir un droit d’utiliser le logiciel ou y être habilité (par le biais d’une licence ou autre contrat;
- l’analyse a été rendue nécessaire car l’utilisateur ne disposait pas des informations suffisantes pour permettre l’interopérabilité c’est-à-dire « la capacité de logiciels ou de protocoles différents à fonctionner ensemble ;
- les actes d’ingénierie inversée sont limités aux parties du logiciel nécessaires à cette interopérabilité.
Toutefois, ces pratiques restent limitées. En effet, l’utilisateur ne pourra ni transmettre les informations obtenues à des tiers —sauf si celles-ci sont nécessaires à l’utilisation du logiciel—, ni commercialiser un logiciel similaire.
Si un utilisateur de votre logiciel reconstitue son fonctionnement par décompilation ou désassemblage, sans votre autorisation et à des fins commerciales, vous pourrez le poursuivre pour contrefaçon.
Attention à la clause d’ingénierie inversée dans vos contrats de licence
Attention à ne pas prévoir de clause interdisant de manière absolue les pratiques d’ingénierie inversée car celle-ci serait frappée de nullité.
En revanche, vous pouvez prévoir que : les tiers signataires du contrat ne seront pas autorisés à effectuer de l’ingénierie inversée, à décompiler, à désassembler le logiciel, ni à aider d’autres à le faire ou faciliter de telles opérations, sauf accord écrit entre les parties et dans la limite expressément permise par la loi applicable à des fins d’interopérabilité.
III. Conseils pratiques pour éviter les risques d’ingénierie inversée
Voici quelques conseils pratiques afin de vous aider à éviter des pratiques autorisées d’ingénierie inversée :
- communiquer les informations utiles afin que l’utilisateur ne puisse pas invoquer l’impossibilité de l’interopérabilité, c’est-à-dire l’incompatibilité pour interagir avec d’autres logiciels.
- évitez de communiquer le code-source du logiciel ;
- mettre en place des mesures de protection technique qui n’empêchent pas l’interopérabilité.
Si vous êtes victime de pratiques d’ingénierie inversée en dehors du contexte autorisé par la loi, vous pourrez poursuivre les utilisateurs (ou tiers) en contrefaçon de vos droits de propriété intellectuelle.
Note : l’obligation d’information incombant au propriétaire du logiciel
Si, en qualité de propriétaire du logiciel, vous refusez de transmettre à l’utilisateur les informations nécessaires à la bonne utilisation du logiciel, celui-ci pourra demander à l’Hadopi (la Haute autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur internet) de se prononcer sur la question.
Cette autorité, créée par la loi n°2009-669 du 12 juin 2009, a notamment pour mission la régulation et la veille dans le domaine des mesures techniques de protection. Dans le cadre de cette mission, elle peut être saisie par tout éditeur de logiciel, fabricant de système technique et exploitant de service souhaitant obtenir des informations essentielles à l’interopérabilité en vertu de l’article L.331-32 du Code de la propriété intellectuelle.
En tant que propriétaire des droits sur votre logiciel, vous ne pourrez alors imposer à vos utilisateurs de renoncer à la publication du code source et de la documentation technique que si vous apportez la preuve que celle-ci aurait pour effet de porter gravement atteinte à la sécurité et à l’efficacité de la mesure technique.
Vous êtes en train de monter un nouveau projet: vous êtes encore salarié de votre société ou en train de vous associer à des partenaires qui eux sont encore salariés. Or, il n’est pas évident de quitter sa société pour lancer sa propre activité. En effet, il ne faut pas perdre de vue les obligations qui vous lient à votre employeur actuel.
I. Les différences entre clause de confidentialité et de non-concurrence
Le premier contrat que nous vous conseillons d’examiner est votre contrat de travail. Nous allons zoomer en particulier sur votre obligation éventuelle de « non-concurrence », c’est-à-dire la clause qui permet à votre employeur d’éviter que vous ne veniez le concurrencer.
Mais il faut savoir que la notion d’obligation de « confidentialité » se rapproche souvent de la notion d’obligation de « non-concurrence ». Or ce sont des clauses qui ont des sens et des conséquences différentes. Comment distinguer l’une de l’autre ?
Voici quelques éléments qui peuvent aider à les distinguer :
- La clause de confidentialité vous interdit lacommunication d’informations (par exemple, de savoir-faire) à des tiers, vous empêchant par là même d’utiliser les informations que vous avez reçu dans le cadre de votre travail pour développer votre projet.
- La clause de non-concurrence, en revanche, va vous interdire d’exploiterce que vous avez appris, en particilier en créant votre propre société dans le même domaine.
- La clause de confidentialité peut se voir appliquéependant la durée de votre contrat, et même après le terme de votre contrat.
- La clause de non concurrence, en revanche, ne se mettra en jeu qu’après le terme de votre contrat.
En pratique, du fait de la rédaction ambiguë de ces clauses, il n’est pas toujours aisé de les distinguer. Ainsi la clause d’un contrat de travail interdisant de « faire profiter directement ou indirectement, sous quelque forme que ce soit, une entreprise concurrente des connaissances acquises à l’occasion de vos fonctions » constitue une obligation de confidentialité, ou une obligation de non-concurrence ?
A priori, il s’agit ici d’une obligation de confidentialité et pas de non-concurrence.
II. Challenger la validité d’une clause de non-concurrence
Maintenant que vous savez identifier les obligations qui sont les vôtres, admettons que le constat soit problématique : vous vous trouvez face à une obligation de non-concurrence, et vous avez besoin de challenger celle-ci pour pouvoir lancer votre activité dans les meilleures conditions.
Les clauses de non -oncurrence répondent à des conditions de validité strictement encadrées par la jurisprudence.
En particulier, les clauses de non-concurrence doivent être:
- justifiées par la nature de la tâche ;
- proportionnées au but recherché (limitations dans la durée et sur un territoire déterminé) ;
- ne peuvent être imposées qu’à un salarié travaillant à plein temps, et
- doivent comporter une contrepartie financière.
Nous relirons donc attentivement votre contrat de travail : contient-il une obligation de confidentialité ou de non concurrence ? Ces clauses sont-elles valablement rédigées ? Nous pourrrons vous aider à résoudre ces questions avant de contribuer au lancement de votre projet.
Lorsqu’en tant qu’entrepreneur vous allez voir un conseil, vous posez généralement la question : « à qui parler de mon projet ? ». En effet, pour savoir si votre idée mérite d’être matérialisée, vous avez besoin d’obtenir des retours constructifs.
C’est pourquoi vous vous demandez: comment protéger votre idée. La réponse que votre conseil vous fait est alors déconcertante : une idée n’est pas protégeable. Vous répondez alors : « Ah bon ? Pas si c’est une idée très originale ? ». Non ! Une idée n’est jamais protégeable.
Si une idée ne se protège pas (pas plus qu’un concept, un projet, une information), en revanche la matérialisation de votre idée, elle, peut faire l’objet d’une protection si elle est originale. Concrètement, il s’agit de la coucher sur un support : un écrit, un objet, une illustration, un jingle, et même un château de sable, une œuvre inachevée, un discours fait à l’oral, etc…
A RETENIR
Seule la matérialisation de votre idée peut faire l’objet d’une protection si elle est originale.
Dans un monde idéal, nous vous donnerions un contrat de confidentialité à signer et à faire signer à tous vos interlocuteurs. Le plus souvent, vous êtes désemparé, et pour cause : cela reviendrait pour vous à faire signer des contrats à vos voisins, vos amis, et vos futurs associés. A ce rythme-là, vous serez certes capitaine du navire, mais seul à bord.Mais en attendant un produit fini, alors que votre offre est en phase de matérialisation, avec l’aide de différents partenaires, que peut vous recommander votre cabinet conseil ?
C’est vrai, rien ne remplacera la signature de contrats de confidentialité.
Toutefois, si cela n’est pas envisageable, nous pouvons vous donner les conseils suivants:
- Enveloppe Soleau. Déposez ce que vous avez déjà matérialisé à l’Institut National de la Propriété Industrielle, sous la forme d’une enveloppe Soleau. En pratique, vous commandez cette enveloppe à l’INPI (ou autre organisme privé en fonction de ce que vous déposez). Ce n’est pas cher (environ 15 euros par enveloppe), et cela peut vous faire économiser beaucoup. En cas de litige sur la date de création, cela constituera un élément de preuve.
- Les mails. Après un rendez-vous avec un interlocuteur, envoyez-lui un mail récapitulatif décrivant la nature des connaissances que vous lui avez communiquées, tout en évitant de donner votre « sauce secrète ». Cela vous permettra en cas de conflit de prouver que vous lui avez communiqué telle information à telle date. En bas de vos mails, ajoutez une mention qui précise que les informations contenues dans ce mail et les pièces jointes sont de nature confidentielle.
- Vos documents. Apposez également la mention « Confidentiel » sur tous les documents qui le sont et que vous communiquez à des tiers.
- Le contrat de confidentialité. C’est toujours la solution la plus appropriée : nous pouvons vous accompagner dans ce processus.
Entre sécurité juridique et bon sens pratique, il y a un juste milieu : c’est celui qui vous permet d’avancer dans votre projet, tout en conservant le secret de vos innovations.
A retenir pour mieux se protéger
- Dépôt de votre projet sous forme d’enveloppe Soleau à l’INPI
- Des mails récapitulatifs à vos interlocuteurs avec la mention de la nature confidentielle des informations
- La communication de vos documents confidentiel avec la mention « Confidentiel »
- La signature d’un contrat de confidentialité
Lorsqu’en tant qu’entrepreneur vous allez voir un conseil, vous le faites souvent au nom de la société que vous avez crée ou êtes sur le point de créer.
Ce nom, vous y avez réfléchi longuement lors de réunions tardives : vous y êtes déjà attaché. Vous avez peut-être déjà votre nom de domaine, de la documentation qui y fait référence. Ce nom désigne peut-être votre produit phare.
Vous ne voulez donc pas le changer. Mais à quel prix ? Nous sommes là pour vous expliquer que même si le nom est bien pensé, il ne survivra peut-être pas à la dure loi de la concurrence. Risque d’opposition de tiers lors du dépôt de la marque, voire de poursuites en contrefaçon : non, cela n’arrive pas qu’aux autres…
I. Effectuer des recherches d’antériorité
Pour vérifier que votre marque est disponible à l’enregistrement, il faut effectuer des recherches d’antériorité avant de la déposer, que ce soit en France et/ou à l’international.
Vous avez peut-être déjà effectué ces recherches. D’ailleurs vous êtes allé sur le site de l’INPI et vous avez constaté qu’aucune marque identique à la vôtre n’a fait l’objet d’un dépôt. Certes… mais c’est plus compliqué que cela.
La similarité entre une marque et une autre ne se joue pas sur une reproduction à l’identique, mais sur de nombreux critères, et en particulier:
- la similarité visuelle entre les marques,
- la similarité phonétique et
- la similarité intellectuelle (par exemple «coup de foudre » et « coup de cœur »).
Et cela ne suffit pas. Vous pouvez avoir deux noms identiques, et aucune confusion possible, à partir du moment où les produits ou services visés ne sont pas les mêmes. C’est pour cela que la marque Montblanc – les stylos – cohabite paisiblement avec la marque…Montblanc – les crèmes dessert.
Ces recherches d’antériorité devraient être réalisées par des professionnels, qui vont alors se concentrer sur :
- les noms phonétiquement identiques ou similaires ;
- les marques visuellement proches ;
- les dénominations sociales identiques ou proches ;
- les noms sur Internet(chanson avec le même titre, blog,…).
Faites par un conseil en propriété industrielle, le budget peut-être conséquent, mais vous saurez alors quel est le risque encouru (par exemple, sur une échelle de 1 à 5).
Faites par l’INPI, le budget est moindre, mais vous aurez un rapport brut, sans analyse de risque : vous devrez alors le cas échéant demander à un cabinet spécialisé d’analyser ce rapport.
La dernière solution consiste à ne pas effectuer de recherches d’antériorité, souvent pour des questions budgétaires. C’est alors un risque que vous devez assumer : déposer votre marque en sachant que celle-ci n’a peut-être pas une longue vie devant elle.
Avant de déposer sa marque : vérifier que la marque est disponible
- Il convient de faire une recherche d’antériorité, que ce soit en France et/ou à l’international.
- Faire faire des recherches d’antériorité par des professionnels (Conseillers en Propriété Industrielle ou INPI).
Attention : Se rendre sur le site de l’INPI et constater qu’aucune marque identique n’a fait l’objet d’un dépôt ne suffit pas.
II. Conseils pratiques pour bien choisir sa marque
Voici quelques conseils pratiques, afin de vous aider à sélectionner une marque qui aura peut-être moins de concurrents :
- Choisir un mot qui n’existe pas, même si celui-ci est symboliquement rattaché a votre offre : Facebook par exemple. Attention car les mots à peine transformés, ou combinaison de deux mots courants, même sous forme abrégée, peuvent avoir de nombreux concurrents.
- Choisir un mot qui existe mais est sans relation directe avec votre offre: par exemple Apple (“pomme”) pour designer des ordinateurs.